17. Le beffroi

Toute l’eau de l’incendie, 17.

Texte complet

Mon amie parisienne m’envoie des photos de la cathédrale endommagée, sur un ciel très clair. J’apprends que la structure de l’édifice prévoit l’évacuation de l’eau même sans charpente, car le chantier a été prévu pour durer des siècles. Pas pour cinq ans. Je suis terrifiée de ce que les gens au pouvoir puissent faire n’importe quoi. Je cherche enfin le sens du mot « beffroi ». Il désigne une charpente indépendante placée à l’intérieur d’un clocher, et qui porte les cloches. Les journalistes l’ont employé à la volée pendant deux jours, sans jamais l’expliquer, peut-être par peur de passer pour des ignares s’ils devaient avouer qu’ils l’apprenaient en même temps que tout le monde. Ma pratique de la médiation culturelle m’a appris à ne jamais hésiter à employer un terme technique, à s’attacher à être précise pour décrire une caractéristique architecturale ou stylistique, à condition de prendre la peine de définir, de ne pas rester dans le flou. Il n’y a aucune honte à ne pas connaître un mot, ou l’usage technique d’un mot. En revanche, faire semblant de savoir, ou employer un terme en faisant semblant d’en connaître le sens, dénote un manque d’assurance en soi, une importance accordée à l’apparence sur le fond, trahit des questions futiles sur l’image que l’on va donner :  – devrais-je connaître ce mot ? que pensera-t-on de moi si j’avoue que je ne le connais pas ?

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L’œuvre entière sera disponible progressivement sur la page « Toute l’eau de l’incendie« . Comme l’ensemble de ce site, elle est déposée et protégée par le droit d’auteur.

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