Carnet de choses absurdes, 1
Déboussolée par les échos qui parviennent du monde, où plus rien n’a de sens, inspirée cependant par les Notes de chevet de Sei Shonagon, et pour ne pas céder à la facilité de la désespérance, je me suis mise à tenir un Carnet de choses absurdes.
Car ce que je faisais là m’échappait. Je sentais s’écouler, comme un fluide sans consistance, la signification de mes gestes, le sens de ma présence. Devant moi se dressait un paysage nouveau, que je n’avais pas désiré, où j’étais incapable d’entrer, des versants sombres plantés de conifères. Leur beauté loin de la souffrance, de la faim et des cris, faisait comme un écran au monde. Ailleurs sont les terres déchirées par les bombes. Dans cet épanchement du sens, je ne trouvais rien à saisir.
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