Origine
un diptyque d’albums jeunesse aux éditions toutàlheure.
Une enfant demande à sa mère : « C’est quoi ça ? Au milieu du ventre. » La maman cherche un livre qui l’aiderait à expliquer, me demande si j’en connais. Les titres sont nombreux sur l’arrivée d’un petit frère ; sur la naissance, j’en trouve un qui explique vraiment bien ; sur le nombril il n’y en a pas. La maman me dit : « Pourquoi ne l’écrirais-tu pas ? »
Le temps passe.
Un jour, cherchant en bibliothèque, dans la section jeunesse, des livres sur l’origine du monde, je trouve toutes les mythologies de la terre. Les enfants ne peuvent que sortir confus de cet entassement. Je pense qu’au lieu de les gorger de toute cette quantité, qui m’est pour beaucoup étrangère, il vaut mieux transmettre le récit qui me parle. Ils auront la vie pour élargir leur vue sous d’autres horizons. Je me demande quelles sont mes mythologies, celles que je veux raconter : le premier récit de la Genèse, un des plus beaux textes poétiques qui existe ; Ouranos et Gaïa, même si l’origine questionne moins les Grecs aux multiples dieux que les monothéistes dont je suis l’héritière.
Mais ces histoires qui m’ont nourries, qui m’émerveillent toujours, avec les images qui les disent sur les vases athéniens et les mosaïques médiévales, ces histoires qui me sont nécessaires, je n’en crois pas un mot.
Ma représentation de l’origine est ce que dit la science, ce que j’en peux saisir, le Big Bang, la théorie des cordes. Je cherche à nouveau : rien pour les tout-petits, ceux de l’âge qui pose les questions ; peu de chose pour les plus grands avant la formation du système solaire.
La science ne manque pas de poésie, mais il lui faut des récits.
Le temps passe encore.
Je rencontre Luce Fusciardi, et elle me dit : « Parler du nombril ? J’en ai moi-même l’envie ! Et le big bang ça me plaît aussi. »
C’est parti.
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