la terre 3

Sous les coups de la pioche, le sol se détache en petits morceaux qui roulent, fines cascades de terre, le long des parois du trou. Le geste précis de la fouilleuse imprime à son corps un mouvement de balance, alliant grâce et puissance. Elle enlève un gant pour ramener derrière l’oreille une mèche échappée de son front, haletante après l’effort. Puis ses cuisses musculeuses et cuivrées au soleil, ses bras sortant des manches relevées, soulèvent des pelletées de terre qui retombent dans un fracas mou au fond de la brouette, le bruit s’amortissant à mesure que la motte se forme. Elle empoigne les brancards, prend de l’élan pour monter sur la planche de bois qui traverse la tranchée de sondage, avance jusqu’au bord du chantier où un autre archéologue l’aide à faire basculer sa charge, qui ajoute une couche au remblai en formation.

Du fond des divers trous, des tessons sont extraits en telle quantité qu’il n’est pas question de les compter : on transporte la terre cuite, entassée dans de grands seaux noirs, jusqu’à la cabane de chantier où l’on procède à la pesée. Stratigraphie et statistique. Au sol, dans des positions ramassées, les fouilleurs poursuivent relevés et prélèvements. À la fin du mois, l’intérieur de leurs mains sera devenu râpeux et dur comme de l’argile sèche.

Une réponse à “la terre 3”

  1. Avatar de brigitte celerier
    brigitte celerier

    et on rêverait d’être avec eux

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