Hier à pareille heure
J’embrasse une amie plus vue depuis dix ans. Je savais les épreuves traversées. Une partie.
Mercredi à pareille heure
Nous n’étions finalement pas sortis, mais j’avais gardé ma jupe et mon collier.
Mardi à pareille heure
Dans le bus nocturne, je fermai les yeux sans parvenir à m’assoupir. Cela faisait sept heures que je voyageais. J’avais lu et écrit. J’étais trop fatiguée, tendue, pour me laisser aller. Pendant cinq jours je me suis gavée. Parmi les choses que je n’ai pas faites dans ma vie : m’installer à Naples, prendre le temps, y rester.
Lundi à pareille heure
La pizza de chez Attanasio est réputée. Je la mange sans déplaisir, mais j’en ai goûté de meilleures. Depuis j’ai lu ce nom, Attanasio, sur une brochure, un site ou dans un livre d’histoire. Finalement, ce n’est peut-être pas le pizzaiolo fondateur de l’établissement, mais une référence à un évêque ou à un duc du temps de l’état autonome, au début du Moyen-Âge. J’ai fait un détour par la piazza San Domenico.
Dimanche à pareille heure
Dîner à côté d’une tablée de Chinoises. Rien que des femmes, jeunes et avec leurs enfants. En bonnes touristes, elles ont l’air bien fatiguées. Elles se lèvent au moment où on nous apporte l’antipasto. Et quand nous quittons nous-mêmes le restaurant, les tout premiers clients napolitains commencent tout juste à s’installer.
Samedi à pareille heure
J’observais le manège de la fille de quinze ans, entrant l’air tout bougon dans le restaurant, sans rien dire à personne, jetant plus que posant son sac de sport au pied d’une chaise, au fond de la salle (et la tension aussitôt perceptible de sa mère, la patrone longue et maigre), pendant que tout le monde s’affaire, les parents, les cuisiniers aux fourneaux, et la grande sœur en salle. Plus tard, nous la croisons (la fille, celle de quinze ans) dans les ruelles d’Amalfi, en trottinette, avec des camarades.
Vendredi à pareille heure
Je commence à me réchauffer le dos, près de la torche dans la véranda du restaurant de Paestum, au pays des artichauts.
Jeudi à pareille heure
Ai-je déjà raconté la Cisterna dell’Olio ?
Photos Anne-Marie Passaret
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