Au coin de Gasquy (8)
Chronique d’un coin de ville, décembre 2023 – juin 2024
Avril 2024
De frêles tiges poussent aux platanes, des feuilles commencent à se former. Du printemps renaît l’espoir, je me suis trompée. Les moignons qui dépassent du mur taché de mousse et de coulures tout le long du trottoir sont encore tendus de sève.
Apparaît, rose sur le portail, une affiche. Promesse ou menace ? à vendre.
En face, le mur et ses coulures sont lisses. Y débordent des retombées de lierre et de vigne vierge, des branches de micocouliers. Du jardin masqué aux regards dépassent des feuilles argentées, les ramures d’un platane qu’on n’a pas coupé. Tout au fond, un grand cèdre. Seul un tout petit bout de mur crépi d’ocre, avec une fenêtre et un toit en terrasse se devine d’un immeuble dont j’estime l’âge entre quarante et cinquante ans. Peut-être la parcelle d’à côté.
Je ne tourne pas souvent mes regards de ce côté, obnubilée, quand je monte cette pente, par le devenir du coin des deux boulevards, où sont étêtés les six platanes et le chêne vert. Intéressée. Intriguée. Inquiète devant l’incertitude.
Sur le mur lisse le panneau est rouge et bien plus compliqué. Des chiffres, des dates, des noms. Pas de démolition. Permis de construire. Déclaration préalable. Hauteur et superficie de la construction. Si je calcule bien, les quatre cinquièmes du terrains. Puis les données disparaissent du panneaux. Un autocollant signale en petit « constaté par commissaire de justice ».
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