Et le chêne vert aussi

Au coin de Gasquy (5)
Chronique d’un coin de ville, décembre 2023 – juin 2024

Lundi 17 décembre 2023

Les chêne d’abord ne fut que chêne. Parmi les espèces de la forêt, seul je le reconnaissais, avec ses glands et ses petites feuilles rondement dentelées, petite citadine que j’étais.

Plus tard Virgile m’a fait rêver aux sombres ombrages des abords du Tartare, et au rameau d’eau dont se paraît la frondaison d’une yeuse. À ce nom étrange s’en ajouta bientôt un autre, le rouvre, plus rond et moins aigu, sur le blason de famille du pape Jules II, celui de Michel Ange. L’yeuse et le rouvre étaient des mots, des images mentales qui ne prenaient aucune forme concrète et qui ne sentaient rien.

En Italie d’abord, sur l’acropole de Cumes, j’ai vu les plantes des dieux, myrte, chêne et laurier, et le chêne était vert, l’yeuse se révélait, que je retrouverais à Marseille et dans ses alentours. Le chêne vert m’est devenu commun.

Et celui-là, dont j’avais remarqué l’écorce épaisse et noire, à côté des platanes à la peau grise et lisse, avec des taches blanches comme des croûtes tombées, ce chêne vert aussi a été étété.

Un peu plus haut sur mon chemin, le long du parking des bus à l’entrée du métro, il en pousse quelques uns. Ces jeunes chênes verts plantés il y a quelques années ont un feuillage prometteur. Ici, je marcherai à l’ombre cet été. Je ne savais pas que les hommes ne tiennent pas toujours la promesse des arbres.

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