3. Le lac noir

Toute l’eau de l’incendie, 3.

Texte complet

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Des gerbes comme des fontaines jaillissent des orgues remplies d’eau. Un pompier encordé escalade les tuyaux chromés qui s’étagent par degrés, en hauteur et en diamètre. Un de ses collègues, déjà au sommet, tente de boucher l’orifice supérieur avec un objet qui n’a rien d’un maillet de xylophone. Je suis trop loin, en bas. Le bruit que répercutent les voûtes, les hautes voûtes de pierre, dans une nuit de brume, d’encre violette, de suie, le bruit est un mélange d’éboulement et de cascade, de marteaux piqueurs et de cris, d’ordres donnés en monosyllabes, sur la gamme de la majeur, les onomatopées ricochent sur les anches, les lamentations ruissellent sur les colonnettes des piliers qui rapetissent pas degrés, formant perpendiculairement à l’orgue une allée qui mène à un grand trou béant dans le sol de la nef. Je me retourne vers l’orgue, le pompier en joue maintenant, obstruant et libérant en cadence le haut des tuyaux, dont la bouche en biseau crache des vibratos, derrière un pilier ricane l’organiste jaloux, c’est la fontaine des jardins d’Este à Tivoli ai-je le temps de penser avant qu’un flot cylindrique se répande dans l’édifice, fonçant, grondant, prêt à m’emporter dans le trou béant, vais-je pouvoir me retenir aux branches de pierre ?

L’œuvre entière sera disponible progressivement sur la page « Toute l’eau de l’incendie« . Comme l’ensemble de ce site, elle est déposée et protégée par le droit d’auteur.

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