Je vis dans cette ville. Précisément au cœur de ce quartier où s’attardent les soirs. Où paresse sur la mer ce qu’il reste des cerceaux d’argent. Où se remorquent les lèvres de plaisance entre les quais du port. Et peut-être quelques regards, dans le regard éclairé de Planier. Cette ville, précisément ce quartier, vaste et difficile, microcosme du sursis. Ses escaliers déglingués s’y croisent. Des femmes questionnent, jeunes ou vieilles. Quelle chanson choisir pour accompagner leur dernier instant ? Ses avenues sont ruelles, comme un avant-goût de la fantaisie qui se distancerait d’azur.
Je me souviens de la rouille des grandes grues se souvenant de l’eau et de ses teintes orangées. De la peau d’une fille, brillante de la mer qui s’y éparpille. D’une balade parmi les ruines palpitantes, entre les ordures. Des abus d’ivresse et les pensées qui y naissent. Des épris du large, amoureux des quais, de la terre qui afflue. Des romantiques de la gâchette qui vendraient père et mère. De la mélancolie des horizons, des boulevards qui mêlent les peaux comme ils peuvent. Je me souviens et je brûle. De tous les tendres buissons du champ des toits et des collines d’antennes, des sous-bois de la grande ville, des romarins qui descendent jusqu’aux rues à Noailles. Des pagodes vibrant à St-Marcel. Des chants du Vélodrome d’où déferlent les noms de fleurs.
Je me souviens. Puis plus. Il ne me reste qu’hier et demain au coude-à-coude.
Patrick Aveline, poète et marcheur
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